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Les Causses

Accueil Comprendre Le paysage

Les causses sont de larges plateaux calcaires situés entre 800 et 1 200 mètres d'altitude entaillés par d'étroites gorges. Dominées par l'élevage de brebis, les surfaces pastorales emblématiques et identitaires des causses se caractérisent par de vastes étendues d'allure steppique où la pierre est omniprésente. Les cultures se concentrent dans les dolines, petites dépressions argileuses et fertiles aux formes arrondies. L'absence d'eau en surface est à l'origine d'un patrimoine ingénieux et original dédié à la gestion de cette précieuse ressource.

Sommaire

Sommaire
01 . Géographie 02 . Agropastoralisme 03 . Paysage 04 . Implantations humaines

Géographie

Les causses constituent l’un des plus grands ensembles karstiques d’Europe occidentale et sont formés de sédiments marins déposés au cours de l’ère secondaire, il y a 150 à 200 millions d’années, dans une mer chaude. Au cours de l’ère tertiaire, en raison des poussées tectoniques des Pyrénées et des Alpes, ces roches sédimentaires ont été exhaussées, donnant naissance aux plateaux calcaires d’altitude que l’on connaît aujourd’hui. Par la suite, une longue période d’érosion, encore active aujourd’hui, a entaillé le calcaire en profondes gorges séparant ainsi le socle en plusieurs entités homogènes : le causse Méjean, le causse Noir, le Sauveterre, le Larzac et le causse de Blandas.

Les eaux infiltrées sont stockées et drainées par un important réseau d’aquifères et de rivières souterraines avant de faire résurgence au pied des falaises. Le monde souterrain des plateaux karstiques, avec ses gouffres, ses avens et ses rivières enfouies, constitue une richesse cachée du territoire.

Le calcaire à plaquettes est le plus répandu, il se délite avec le gel, les pierres ramassées sont stockées en clapas ou utilisées pour bâtir. Le calcaire dolomitique, plus dur, est quant à lui à l’origine de chaos rocheux spectaculaires.

Agropastoralisme

Les causses concentrent l’essentiel des surfaces de pâturage extensif du territoire. C’est l’élevage de brebis, pour la production de lait ou de viande, qui y est dominant.

La présence humaine est attestée depuis le néolithique comme en témoignent les nombreux monuments mégalithiques encore présents. Les travaux de recherche tendent à démontrer que ces sociétés pratiquaient déjà l’élevage ovin. 

L’agriculture traditionnelle caussenarde sous l’ancien régime associait l’élevage ovin avec une céréaliculture importante qui assurait l’alimentation des populations locales. Dans ce système, le troupeau permettait la fertilisation des parcours qui étaient ensuite mis en culture après une longue période de repos. Ce cycle contribuait à contrôler efficacement les dynamiques d’enfrichement.

Les troupeaux garants des paysages
Caves de Roquefort (© OT Roquefort)

A la fin du XIXème siècle, l’intégration du système agropastoral caussenard dans l’économie nationale provoque son effondrement, les rendements céréaliers ne pouvant faire face à la concurrence ouverte par le développement des transports. S’en suit une période de grands bouleversements (révolution industrielle, exode rural, modernisation agricole, guerres...) qui vont également impacter les paysages caussenards. 

En effet, après l’abandon de la céréaliculture vivrière, c’est l’élevage ovin qui devient la principale activité agricole. Ce dernier subit alors une spécialisation très marquée : production de lait pour alimenter les caves de Roquefort dans l'aire de colllecte (le rayon de Roquefort), ou production de viande en dehors de ce périmètre. Cette différentiation géographique des orientations d’élevage contraste les paysages des grands causses. En effet, les contraintes liées à la traite limite le pâturage des parcours les plus éloignés qui tendent à s’enfricher là où les systèmes ovin viande plus pâturant maintiennent davantage des pelouses steppiques héritées des anciens systèmes agraires. Parallèlement, l’avènement de la clôture a supprimé l’emploi de bergers pour la conduite du troupeau réduisant la maîtrise de la pression pastorale sur le milieu.

Aujourd’hui, malgré ces mutations récentes, l’agropastoralisme se maintient encore sur les plateaux grâce à la filière Roquefort, au soutien de la politique agricole commune et à celui des gestionnaires d’espaces naturels qui s’appuient sur le pastoralisme pour maintenir la riche biodiversité des milieux ouverts.

Paysage 

Des espaces steppiques

L’ancienneté des pratiques pastorales sur les causses est à l’origine d’un paysage très unitaire composé par d’immenses espaces de pelouses steppiques à l’échelle tout à fait exceptionnelle. Ces espaces ont remplacé la chênaie originelle par un long processus de défrichement plus ou moins intense selon les périodes. Ainsi, pour tirer partie des ressources du territoire, l’homme a façonné le milieu, l’adaptant aux besoins et contraintes de l’activité pastorale en ouvrant les paysages.

De grandes praires semi-naturelles caractéristiques

Peu d'eau en surface

Mais la rupture paysagère des causses s’explique également par l’absence d’eau en surface, inhérente à leur géologie. Bien que les précipitations soient abondantes, elles s’infiltrent rapidement dans les failles du socle calcaire, d’où l’absence de cours d’eau en surface. Ce phénomène engendre une sécheresse récurrente qui caractérise les paysages des plateaux caussenards en favorisant une végétation xérophile, c'est à dire adapatée aux milieux secs.

Les paysages lunaires des grands causses piquetés de buis et genévriers
Un paysage fait de reliefs, de dolines et chaos rocheux

Une topographie hétérogène

Bien que sur les plateaux caussenards l’horizon semble infini, leur topographie est en réalité très hétérogène. En effet, la lente dissolution du calcaire a formé des paysages de collines et de vallons. Les cuvettes de dissolution, riches en argiles de décalcification, forment des dépressions aux contours arrondis et dont le sol est cultivable, que l’on appelle dolines. Sur certains secteurs, l’érosion des calcaires dolomitiques, plus dur, forme des chaos rocheux qui constituent alors des paysages ruiniformes exceptionnels.

Une doline

Un patrimoine vernaculaire

Le paysage des causses est également marqué par son patrimoine vernaculaire dédié à l’activité agropastorale disséminé sur les grands espaces de parcours : abri pour les hommes et pour les troupeaux, murets délimitant chemins, parcelles ou enclos, clapas issus du travail d’épierrement, lavogne pour l’abreuvement des troupeaux… Ces éléments constituent des motifs paysagers à part entière.

Une cazelle

Des espaces fragiles

Les cheveux d’ange

Les pelouses dénudées et austères des causses sont aujourd’hui emblématiques et identitaires, car elles représentent l’héritage des générations agricoles passées et sont le symbole de la culture agropastorale. Aujourd’hui, elles sont également reconnues pour leur richesse biologique et comme des espaces naturels de liberté et d’évasion propices aux activités de pleine nature.

Pourtant, ces paysages ont subi d’importantes transformations durant les cinquante dernières années, dues à la mutation de systèmes agricoles, mais aussi aux politiques de reboisement financées par le Fond Forestier National dans les années 50 et 70. De nombreuses plantations de pins noirs ont été implantées sur d’anciens parcours délaissés et forment aujourd’hui de larges couvertures sombres contrastant avec les prairies semi-naturelles alentours. Ainsi les paysages steppiques unitaires traditionnels représentent aujourd’hui des superficies plus restreintes et plus morcelées.

Une mosaïque paysagère parfois marquée par les ruptures boisées

Implantations humaines

Les hameaux sont établis en limites des espaces cultivés, le plus souvent positionnés au pied d’un coteau à l’abri du vent. L’architecture traditionnelle est entièrement minérale, en pierre calcaire, sans bois de charpente. Les bâtiments sont construits sur un plan rectangulaire et élevé sur deux voûtes en pierre superposées. Le rez-de-chaussée, surbaissé, sert de bergerie et l’étage plus élevé d’habitation avec un grenier. La couverture traditionnellement est en lauze calcaire.

Hameau implanté sur les rebords du causse à proximité d'espaces cultivables
Des bâtiments agricoles modernes s'implantent en périphérie (© Marc Bruguières)
Les clapas un motif paysager emblématique

Aujourd’hui, l’avènement de hangars agricoles plus modernes a impacté les espaces bâtis caussenards. Leurs volume, matériaux et implantations étant sans rapport avec les logiques architecturales traditionnelles. Néanmoins, ces bâtiments sont indispensables pour répondre aux besoins de l’agropastoralisme contemporain et il est possible de soigner leur intégration paysagère.

Des traces omniprésentes

Plus éloignées des espaces habités, sur les vastes parcours dédiés au pâturage des troupeaux, les traces de l’implantation humaine et de la culture agropastorale sont partout visibles par touches discrètes et disséminées : clapas, murets, abris, chemins, lavognes... sont autant de marqueurs paysagers identitaires en lien avec l’histoire et la vocation agropastorale du territoire.

De plus, l’absence d’eau en surface a obligé l’homme à développer des constructions spécifiques et originales pour la capter et la conserver. Des citernes pour le stockage de l’eau sont par exemple intégrées au bâti équipé de dispositifs de collecte.